- ALDRICH (R.)
- ALDRICH (R.)ALDRICH ROBERT (1918-1983)Dix ans après Welles, dans les années cinquante, Aldrich secoue Hollywood par ses mises en scène fracassantes. En trois films, cet ancien assistant de Renoir et de Chaplin renouvelle le cinéma américain: Vera Cruz (1954), En quatrième vitesse (Kiss Me Deadly , 1955) et Attaque (Attack , 1956) bouleversent les règles du western, du thriller et du film de guerre. Vera Cruz , situé dans le Mexique des pyramides aztèques et du second Empire, ouvre la voie au western baroque (Peckinpah, Leone). En quatrième vitesse offre un portrait de policier privé qui rompt avec la tradition du détective ou du gentleman cambrioleur des années trente et dépasse même en violence les personnages campés par Humphrey Bogart. Enfin, la critique de la guerre, par sa virulence, fait l’originalité d’Attaque . Mais son film le plus réussi, le plus courageux sans doute, Le Grand Couteau (1955), adaptation d’une pièce de Clifford Odets, ose dénoncer, sans complaisance aucune, les turpitudes d’Hollywood.Producteur malheureux, Aldrich semble perdre ensuite de sa vigueur: Sodome et Gomorrhe (1962) est une coproduction européenne chaotique; Qu’est-il arrivé à Baby Jane? (Whatever Happened to Baby Jane? , 1962) sombre dans le Grand-Guignol; Les Douze Salopards (The Dirty Dozen , 1967) pousse la dénonciation de la fureur guerrière jusqu’à sembler en faire l’apologie. Quelques réussites: Faut-il tuer Sister George? (The Killing of Sister George , 1968), étonnante peinture de lesbiennes, ou bien Fureur apache (Ulzana’s Raid , 1972), variations sur la stratégie et la tactique dans les guerres indiennes, montrent que le talent d’Aldrich n’a pas été entièrement étouffé. Incapable de vivre sans tourner, il impose sa verve, son style fait de plans lancés à la figure du spectateur mais toujours dramatiquement signifiants, et son humour nihiliste, aux scénarios les plus ahurissants (L’Ultimatum des trois mercenaires , 1980).
Encyclopédie Universelle. 2012.